Le changement climatique et ses conséquences bien réelles ne peuvent être combattues sans reconnaître le rôle central du système alimentaire industriel et mondialisé, qui contribue à la fois à la crise climatique et à sa perpétuation, tout en créant des vulnérabilités dans les systèmes agroalimentaires mondiaux. Le système industriel se distingue par l’utilisation de semences commerciales hybrides ou OGM, la monoculture qui repose sur l’utilisation de produits chimiques à base de combustibles fossiles, les exploitations d’élevage animalier (CAFO), et les changements d’affectation des sols entraînant une déforestation à grande échelle – le tout étant acheminé vers le marché mondial de l’exportation qui crée d’énormes quantités de déchets alimentaires. Les combustibles fossiles sont utilisés à presque toutes les étapes de la chaîne alimentaire, qu’il s’agisse de produits chimiques à base de carburants fossiles sous forme de pesticides ou d’engrais synthétiques, d’équipements agricoles gourmands en gaz ou d’un système mondial de transformation, de conditionnement et de transport à base de combustibles fossiles.
Ensemble, ces pratiques écologiquement nuisibles représentent 44 % à 57 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES), ce qui fait du système alimentaire mondial l’un des principaux responsables du changement climatique et de la dégradation environnementale.
L’agriculture est l’activité humaine la plus vulnérable au changement climatique car elle repose sur l’équilibre délicat de multiples services écosystémiques tels que l’eau et le dioxyde de carbone. Dans le cadre du modèle alimentaire actuel, les chaînes d’approvisionnement alimentaire à longue distance augmentent la vulnérabilité de nos systèmes alimentaires. La transformation et le conditionnement des aliments, ainsi que l’immense infrastructure de transport, viennent s’ajouter à l’utilisation de combustibles fossiles, rendant les aliments de plus en plus vulnérables aux changements soudains de température, aux phénomènes météorologiques extrêmes ou aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, comme cela s’est produit lors de la pandémie de coronavirus.
La crise climatique est le résultat d’une part de l’indifférence et de l’aveuglement à l’égard des systèmes vivants de la planète, et d’autre part d’une culture économique axée sur le profit[1]. Cette culture a poussé le secteur agroalimentaire à envahir les forêts et d’autres écosystèmes vitaux. Il s’est ainsi rendu responsable de 70 à 90 % de la déforestation mondiale et du déplacement d’une grande partie des populations indigènes[2].
L’agrobiodiversité figure également parmi les principales victimes du paradigme agricole moderne. Aujourd’hui, environ 80 % des terres arables de la planète sont organisées en monocultures contenant des plantes uniformes et génétiquement identiques[3]. Cette situation a entraîné une extinction sans précédent de l’agrobiodiversité et de la biodiversité sauvage, rendant les écosystèmes, ainsi que la sécurité alimentaire, d’autant plus vulnérables au changement climatique[4].
Il est de plus en plus évident que les engrais artificiels ont réduit la fertilité des sols et la production alimentaire et ont contribué à la désertification, à la pénurie d’eau et, par conséquent, au changement climatique[5]. Les sols traités aux engrais chimiques et vidés de leur carbone organique et de leurs nutriments perdent leur capacité à retenir l’eau, ce qui accroît la vulnérabilité de ces zones aux sécheresses et aux inondations. Ils créent également un besoin perpétuel d’utiliser plus d’eau et plus de produits chimiques pour remplacer l’épuisement des nutriments. Cela a des effets aggravants sur les écosystèmes, car l’utilisation d’engrais azotés entraîne également la pollution des sources d’eau, l’assèchement des terres et la destruction des sols.
La COP 26
Face à l’urgence climatique imminente, les dirigeants du monde entier se sont réunis à la Conférence des Parties 26 (COP26) à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2021, pour discuter de notre avenir et proposer un plan d’action pour lutter contre le changement climatique. Parmi les principaux objectifs du sommet figurent des engagements visant à accroître le financement des technologies afin d’augmenter la résilience climatique et de réduire les émissions globales de GES, pour atteindre l’objectif de 1,5°C d’ici à 2030. L’accent mis sur la technologie est particulièrement inquiétant car il semble suggérer une numérisation accrue de l’agriculture par le biais d’une augmentation des OGM, des cultures résistantes au climat, des aliments artificiels et cultivés en laboratoire, des crédits carbone et d’autres pseudo-solutions qui ne remettent pas en question les causes profondes du changement climatique.
Il semble que la COP26 marquera une nouvelle tentative ratée de tenir les entreprises polluantes responsables de leurs actions, se conformant ainsi aveuglément aux fausses solutions au changement climatique qu’elles préconisent. Nous commençons déjà à voir comment les entreprises et les grands investisseurs technologiques comme Bill Gates promeuvent ces solutions axées sur la technologie afin d’établir leur propre agenda pour résoudre la crise climatique, en créant de nouveaux marchés de carbone, et en trouvant des ruses astucieuses pour continuer à polluer tout en resserrant leur emprise sur les ressources mondiales. La COP26 suivra probablement le même chemin et servira d’arène de blanchiment écologique des entreprises afin de faire passer les grandes entreprises technologiques et l’agriculture industrielle pour des héros apportant des solutions au changement climatique, au lieu de les désigner à juste titre comme les malfaiteurs.
Déjà une semaine depuis son début, la COP26 a été désignée comme étant la conférence sur le climat la plus excluante à ce jour et a reçu de nombreuses réactions de la part des activistes et des groupes de la société civile, remettant en question sa légitimité. Parmi les nombreux manifestants qui sont descendus dans les rues de Glasgow pour exprimer leur mécontentement, la coalition COP26 a réussi à mobiliser plus de 100 000 personnes et a incité plus de 300 manifestations dans le monde entier pour dénoncer les pseudo-solutions au changement climatique et demander une plus grande participation à la justice climatique.
Jusqu’à présent, la plupart des événements se sont déroulés à portes fermées et ont donné lieu à de nombreux discours de dirigeants mondiaux répétant les mêmes propos habituels sur la réduction des GES et le financement climatique. Le fait que la parole soit donnée aux philanthropes et aux investisseurs des grandes entreprises technologiques plutôt qu’aux groupes de la société civile et aux communautés marginalisées illustre parfaitement la position adoptée par la COP26 et son engagement en faveur des solutions technologiques plutôt que des solutions régénératrices et axées sur la biodiversité.
La fausse promesse des « solutions fondées sur la nature ».
Les solutions proposées par ces délinquants climatiques sont des innovations technologiques coûteuses, non prouvées et souvent dangereuses, telles que les aliments cultivés artificiellement en laboratoire, la modification génétique, la capture du carbone, les crédits carbone et la géo ingénierie – toutes destinées à remplacer les processus naturels qu’ils ont détruits. Ces solutions technologiques ignorent complètement le rôle de la nature et nient ses capacités de régénération. Pourtant, malgré cela, elles sont soutenues par des multinationales et de grands investisseurs technologiques qui les présentent comme la seule solution possible à notre problème climatique.
Les fausses solutions et la biotechnologie déplacent le pouvoir politique des agriculteurs biologiques et des communautés locales vers les entreprises de biotechnologie et les grands investisseurs. Elles ne tiennent pas compte des connaissances locales, indigènes et des diverses cultures alimentaires qui ont évolué parallèlement à des écosystèmes diversifiés et constituent ainsi un moyen pour les entreprises de justifier leurs actions, d’accroître leurs profits et d’accumuler du pouvoir.
La fausse promesse des aliments synthétiques
Les promoteurs d’aliments synthétiques affirment qu’ils constituent une véritable solution au changement climatique et à la dégradation de l’environnement, car ils ne nécessitent pas de ressources intensives en eau et en terre, tout en répondant aux préoccupations relatives aux émissions de GES des animaux ainsi qu’au bien-être des animaux dans l’industrie de la viande. Cependant, le véritable objectif ne pourrait être plus éloigné de la lutte contre le changement climatique ou la famine dans le monde. Ces aliments « à base de plantes » ultra-transformés reposent sur des innovations techniques telles que la biologie synthétique, qui consiste à reconfigurer l’ADN d’un organisme pour créer quelque chose d’entièrement nouveau qui n’existe pas dans la nature. Par exemple, des entreprises comme Beyond Meat et Impossible Foods utilisent une séquence de codage ADN provenant de graines de soja ou de petits pois pour créer un produit qui a l’apparence et le goût de la vraie viande. Certaines entreprises investissent également dans la viande cellulaire, cultivée à partir de véritables cellules animales[6]. Il en résulte toute une série de fausses viandes, d’œufs, de fromages et de produits laitiers cultivés en laboratoire, qui envahissent le marché afin de remplacer les produits animaux et modifier les régimes alimentaires modernes.
Bien que les défenseurs de cette cause prétendent le contraire, des recherches ont montré que les faux aliments produits en laboratoire ont une empreinte carbone plus importante que les protéines végétales moins transformées[7]. Les viandes synthétiques ont une intensité carbonique jusqu’à sept fois supérieure à celle des légumineuses entières, et la viande cellulaire émet également plus de gaz à effet de serre que les produits animaux, comme le porc ou la volaille[8]. Des recherches récentes suggèrent même qu’à long terme, l’impact environnemental de la viande cultivée en laboratoire pourrait être plus élevé que celui du bétail[9].
Les substituts à base de plantes et les viandes synthétiques ne constituent en aucun cas un abandon de l’agriculture industrielle. Même si ces pseudo aliments sont présentés comme « écologiques », ils sont fabriqués à partir de protéines de petit pois, de soja ou de maïs cultivées dans de vastes monocultures qui reposent toujours sur des méthodes de labourage intensif, des intrants chimiques et des OGM. Ironiquement, ces substituts de viande d’origine végétale contribuent directement au même système alimentaire qui menace la biodiversité mondiale, détruit la vie sauvage, altère les sols et pollue les nappes phréatiques.
La nourriture cultivée en laboratoire représente encore une nouvelle machine à profit utilisée par les milliardaires et les grandes entreprises pour accroître leur contrôle, à l’aide de brevets[10]. Cette logique de brevetage considère les animaux et la nature comme des éléments jetables qui peuvent simplement être remplacés par des technologies plus efficaces telles que les produits fabriqués en laboratoire. La nourriture synthétique concentre donc le pouvoir dans les mains de quelques entreprises de biotechnologie, au détriment des populations autochtones, des agriculteurs et d’autres communautés, invalidant ainsi leurs connaissances ancestrales et les privant de la possibilité de définir leurs propres systèmes alimentaires.
Capture de carbone et zéro émissions nettes (ZEN)
L’idée derrière la neutralité carbone est d’équilibrer les émissions de gaz à effet de serre en les éliminant de l’atmosphère jusqu’à arriver à une valeur totale de zéro. Pour atteindre zéro, la quantité de CO2 ajoutée ne peut être supérieure à la quantité retirée de l’atmosphère au cours de la même période. Cette équation est problématique car elle sous-entend que les entreprises peuvent atteindre zéro émissions nettes (ZEN) en investissant dans des systèmes de compensation des émissions de CO2.
Cependant, la neutralité carbone n’entraînera pas de réelles réductions des émissions de CO2 pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le principe de ZEN se concentre uniquement sur les flux d’émissions et ne tient donc pas compte de la nature cumulative du carbone. Le dioxyde de carbone reste dans l’atmosphère pendant des centaines voire des milliers d’années, à moins qu’il ne soit stocké ailleurs, ce qui signifie que les émissions passées, présentes et futures auront un impact cumulatif sur le réchauffement de la planète et l’acidification des océans. Deuxièmement, le concept de ZEN repose sur un mensonge, car les compensations ne réduisent pas réellement les concentrations de CO2 dans l’atmosphère[11]. Les niveaux de CO2 continueront donc à augmenter à un rythme alarmant s’ils ne sont pas efficacement séquestrés par les sols et les océans.
En réalité, ZEN n’est rien d’autre qu’un système élaboré d’écoblanchiment des entreprises qui accorde aux entreprises polluantes le droit d’étendre leurs activités et de continuer à polluer comme à leur habitude, tant qu’elles prétendent piéger du CO2 ailleurs. En compensant leurs émissions par des plantations d’arbres en monoculture, les entreprises continueront donc à provoquer l’accaparement des terres et le déplacement des communautés, les violations des droits de l’homme, la pénurie d’eau et une aggravation de la perte de biodiversité.
Ces soi-disant « solutions fondées sur la nature » sont un euphémisme délibérément conçu pour paraître attrayant afin de nous détourner des causes profondes de la crise climatique et sanitaire. Ce terme agit comme une dangereuse tactique de retardement, qui permet aux entreprises, aux gouvernements et aux institutions financières de poursuivre leurs activités comme si de rien n’était, sans s’attaquer fondamentalement aux causes profondes de la crise climatique. Les “solutions fondées sur la nature” instrumentalisent la nature en utilisant les logiques transactionnelles du marché, tout en externalisant la destruction écologique et en perpétuant la dépossession néocoloniale des populations indigènes, des paysans et de nombreuses autres communautés par le biais de projets de compensation carbone. Si elles ne sont pas contrôlées, ces tactiques continueront à exacerber les crises en renforçant les inégalités et le pouvoir des entreprises.
Géo-ingénierie
L’idée derrière la géo-ingénierie est de déployer une série de technologies pour intervenir délibérément dans le système climatique de la Terre afin de le modifier[12]. Par exemple, la Fondation Bill et Melinda Gates et l’université de Harvard collaborent pour financer un plan qui consiste à envoyer des aérosols de sulfate dans l’atmosphère pour bloquer les rayons de soleil. En théorie, le blocage de la lumière solaire entrante par le biais de produits chimiques réduirait le problème du réchauffement de la planète, ce qui nous permettrait de contrôler le climat.
Cependant, l’effet chauffant du dioxyde de carbone sur l’atmosphère peut persister jusqu’à 10 000 ans ou plus. Les particules qui atténuent l’effet du soleil sont censées disparaître de l’atmosphère au bout d’un an environ, ce qui signifie que pour que cette technologie soit efficace, il faudrait que le processus se poursuive indéfiniment et que l‘atmosphère soit continuellement aspergée d’aérosols chimiques. Si nous nous lançons dans cette voie, rien ne laisse présager ce qui pourrait se passer si nous étions soudainement contraints de nous arrêter. Bien entendu, les effets pourraient être catastrophiques et nous pourrions nous retrouver avec un siècle d’accumulation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Par définition, la géo-ingénierie vise à modifier délibérément les limites planétaires telles que le cycle du carbone et le cycle hydrologique, mais ne vise pas à s’attaquer aux causes profondes du changement climatique. Elle risque donc d’aggraver le climat, car on en sait trop peu sur le fonctionnement de l’écosystème planétaire dans son ensemble. La géo-ingénierie solaire symbolise ainsi parfaitement la négation par l’humanité des processus naturels existants. Elle est une manifestation de l’orgueil démesuré qui place l’homme au-dessus de la nature et qui estime que tous les problèmes peuvent être résolus par des interventions technologiques[13].
Les solutions exposées ci-dessus sont le produit d’une vision mécaniste du monde qui considère la nature comme une matière morte et inerte qui peut être conçue et manipulée pour répondre à nos besoins et renforcer la cupidité des entreprises[14]. En plaçant les innovations technologiques sur un piédestal et en les présentant comme la seule option possible pour résoudre les nombreuses crises mondiales, les grandes entreprises établissent leur propre agenda et accentuent leur contrôle, tout en privant les sociétés de la capacité de voir et de penser à d’autres options. Ce faisant, elles occultent les véritables causes profondes des crises auxquelles nous sommes confrontés et nous entraînent sur la voie dangereuse de nouvelles crises sans précédent. Cette réticence à s’attaquer aux problèmes systémiques n’est en rien accidentelle. En effet, Il s’agit plutôt d’une tentative délibérée des entreprises multinationales de maintenir leur contrôle en perpétuant les mêmes structures de pouvoir qui ont créé nos crises actuelles, sans assumer la responsabilité de la pollution à grande échelle et de la dégradation de l’environnement qu’elles ont causées en premier lieu.
Ceci n’est pas la transition dont nous avons besoin. L’objectif ne devrait pas être uniquement la séquestration du carbone, mais aussi la santé globale des écosystèmes et des personnes, la création de moyens de subsistance et d’économies saines, ainsi que la création d’équité et de justice. Nous devons protéger nos forêts, préserver la biodiversité et donc renforcer la santé et la résilience climatique. Nous devons cesser de considérer la terre comme morte et reconnaître qu’elle est vivante, et que la nature cycle le carbone pour créer de la vie.
Le rôle de la biodiversité et des systèmes agro-écologiques
Contrairement aux fausses promesses des entreprises et des investisseurs milliardaires, les vraies solutions au changement climatique ne devraient pas chercher à manipuler notre planète à des fins lucratives. Au contraire, elles devraient viser à travailler aux côtés de la nature pour restaurer sa biodiversité et rajeunir ses cycles naturels. Ces solutions existent déjà et sont mises en avant par des communautés alimentaires locales et diversifiées dans le monde entier, nous montrant ainsi qu’il est possible de vivre en harmonie avec la nature. La biodiversité des plantes, des animaux et des micro-organismes est essentielle pour assurer la stabilité et l’équilibre nécessaires à la création d’agro-écosystèmes résilients face au changement climatique. Les systèmes agricoles et alimentaires qui préservent et rajeunissent la biodiversité atténuent également le changement climatique et contribuent à la santé et à l’amélioration des moyens de subsistance grâce à des économies vivantes et régénératrices.
L’agroécologie est basée sur un large ensemble de principes et comprend diverses manières de cultiver avec la nature et de rajeunir la biodiversité grâce à des semences vivantes, des sols et des communautés alimentaires locales, sans l’utilisation de produits chimiques issus de combustibles fossiles[15]. Les systèmes agroécologiques sont conçus pour imiter les processus naturels et régénérer la biodiversité afin de fournir des services écologiques tels que la lutte naturelle contre les parasites, le cycle des nutriments, le rajeunissement et la croissance des sols, l’augmentation de la séquestration du carbone et une plus grande concentration d’eau dans les sols[16]. En se concentrant sur le local et en éloignant la production des chaînes d’approvisionnement mondialisées, ces systèmes peuvent éliminer les méthodes à forte intensité de combustibles fossiles et les remplacer par des méthodes régénératrices à faibles intrants qui renforcent le sol et y fixent le dioxyde de carbone. Les agroécosystèmes peuvent ainsi conserver leurs fonctions de régulation du climat et atténuer les effets du changement climatique.
La transition vers une agriculture biologique et régénératrice devrait être la priorité absolue. En travaillant aux côtés de la nature, l’agriculture régénérative et agroécologique peut générer une plus grande résilience alimentaire tout en absorbant le carbone de l’atmosphère et en le restituant au sol par la photosynthèse[17]. L’augmentation de la séquestration du carbone dans les sols est un aspect essentiel de l’atténuation du changement climatique.
Les solutions agro écologiques adoptent une vision de la transformation du système alimentaire fondamentalement opposée à l’agriculture industrielle. Elles sont basées sur une approche systémique, une compréhension profonde du vivant, et impliquent donc une transformation au niveau politique, social et économique. La transformation agroécologique est incompatible avec le paradigme de l’agriculture industrielle, car elle exige de s’éloigner complètement du système alimentaire industriel hypercentralisé et contrôlé par les entreprises. Tout compromis, tel que l’emprunt de quelques techniques et pratiques écologiques qui ne modifieraient pas le modèle de monoculture de l’agriculture industrielle, ne peut que modérer temporairement les impacts négatifs, tout en contribuant directement à de nouvelles crises climatiques à long terme. Une véritable transformation ne peut donc se produire que par un changement vers une agriculture et des systèmes alimentaires agroécologiques.
Références
[1] Earth Democracy: Connecting the Rights of Mother Earth to People’s Rights and the Well-being of All, Dr Vandana Shiva and Navdanya Team, 2021, https://www.navdanya.org/site/earth-university/connecting-rights-of-mother-earth
[2] Food and Climate Change: The Forgotten Link.” Grain, September 28, 2011. https://www.grain.org/e/4357
[3] Altieri, Miguel A., and Clara I. Nicholls. 2020. Agroecology and the reconstruction of a post-COVID-19 agriculture. The Journal of Peasant Studies 47 (5): 881–898. https://doi.org/10.1080/03066150.2020.1782891.
[4] FAO, and Commission on Genetic Resources for Food and Agriculture. 2019. In The State of the World’s Biodiversity for Food and Agriculture, ed. J. Bélanger and D. Pilling. Rome: Food and Agriculture Organization of the United Nations. http://www.fao.org/3/CA3129EN/CA3129EN.pdf.
[5] Shiva V. « Plants, Planet & People », Navdanya 2021, https://www.navdanya.org/site/plants,-planet-people
[6] Saigol, Lina and Keown, Callum. ‘Is Cell-Based Meat the Next Big Thing? Here Are 5 Companies Leading the Revolution’. MarketWatch, Oct. 8, 2020. https://www.marketwatch.com/story/is-cell-based-meat-the-next-big-thing-here-are-5-companies-leading-the-revolution-2020-10-06
[7] Santo, Raychel E., et al. ‘Considering Plant-Based Meat Substitutes and Cell-Based Meats: A Public Health and Food Systems Perspective’. Frontiers in Sustainable Food Systems, vol. 4, Aug. 2020, p. 134. https://doi.org/10.3389/fsufs.2020.00134
[8] Muraille, Eric. ‘“Cultured” Meat Could Create More Problems than It Solves’. The Conversation, Nov. 28, 2019. http://theconversation.com/cultured-meat-could-create-more-problems-than-it-solves-127702
[9] Ibid.
[10] Itzkan, Seth. “Opinion: Software to Swallow — Impossible Foods Should Be Called Impossible Patents.” Medium. Last modified May 27, 2020. https://medium.com/@sethitzkan/opinion-software-to-swallow-impossible-foods-should-be-called-impossible-patents-71805ecec9de
[11] Ibid.
[12] Why SRM Experiments Are a Bad Idea’. ETC Group, 28 Mar. 2017, https://www.etcgroup.org/content/why-srm-experiments-are-bad-idea
[13] ‘Hands Off Mother Earth! Manifesto Against Geoengineering’. Geoengineering Monitor, 4 Oct. 2018, https://www.geoengineeringmonitor.org/2018/10/hands-off-mother-earth-manifesto-against-geoengineering/
[14] Shiva V., Carbon Capture’: Two World Views, Two Technology Paradigms, Two Economic Systems, Two Futures.” Navdanya, Oct. 2021, https://www.navdanya.org/bija-refelections/2021/10/06/carbon-capture/
[15] Altieri, Miguel A. “The Ecological Role of Biodiversity in Agroecosystems.” Agriculture, Ecosystems & Environment, vol. 74, no. 1, June 1999, pp. 19–31. ScienceDirect, https://doi.org/10.1016/S0167-8809(99)00028-6.
[16] Lim Li Ching, Agroecology for Sustainable Food Systems, G-STIC 2017 –Agroecology summary – Final version – January 2018] https://www.twn.my/title/end/pdf/end19.pdf – https://ali-sea.org/aliseaonlinelibrary-dashboard/get/file/G-STIC-2017-%E2%80%9CAgroecology-for-Sustainable-Food-Systems%E2%80%9D.pdf
[17] Ibid.
Autres références
Bill Gates y sus Falsas Soluciones para el Cambio Climático. Navdanya International, 2021
Gates Ag One: The Recolonisation Of Agriculture, Navdanya International, 2020
Pact for the Earth, Navdanya International, 2015
Plants, Planet & People – The Living Earth and Climate Change, Dr Vandana Shiva, Navdanya, October 2021
Shroff, R., Cortés, C.R. The Biodiversity Paradigm: Building Resilience for Human and Environmental Health. Development 63, 172–180 (2020). https://doi.org/10.1057/s41301-020-00260-2
The law of the seed, International Commission on the Future of Food and Agriculture. Navdanya International. 2013
Traduction par Leonhard Schwering, Navdanya International